jeudi 24 mai 2012

Euskal Trail 2012... comme un goût amer!

Salut à tous chers lecteurs. Je reviens de l'Euskal trail mais avec un goût amer. Oui un goût d'inachevé, un goût de "p'tain c'est con on est pas passé loin"...

Tout avait pourtant bien commencé
En effet, d'abord, parce que ma préparation avait été presque idéale, sans trop de pépins physiques, avec une progression crescendo.
Le dimanche avant l'Euskal, j'ai même décidé au dernier moment de m'inscrire sur un trail court à côté de chez  moi, à Sarrouilles, pour travailler une dernière fois ma vitesse. J'y suis allé en plus pour accompagner mon fidèle compère et jumeau... MICKA!

Mieux qu'une simple séance d'entrainement en fractionné, il y avait ce jour là de bons compétiteurs pour me donner le "LA" : Guillaume Beauxis (Team Salomon Espoir), Guillaume Alfieri (ASPTT-Bordeaux) et d'autres coureurs du cru comme Christian Montuelle des Esclops D'Azun.

Départ pour 18km et 250m D+, j'ai décidé de ne pas en faire trop. C'est à dire de laisser partir les premiers dès que je sens que je suis en surégime. L'Euskal arrivant 4 jours plus tard, il faut garder de la fraicheur. De plus, je sors tout juste de 3 semaines d'entrainement intensif... je ne suis pas très frais, il faut l'avouer.
Je termine malgré tout 5e à 3min du premier, Guillaume Alfieri, avec d'excellentes sensations. Donc je suis confiant pour l'Euskal.

Ma flopett a aussi couru... la voici en plein effort juste après le départ
Elle a l'air contente la petite!!

4 jours plus tard, départ pour le Pays Basque
Jeudi de l'ascension, nous prenons la route avec Flopett pour le Pays Basque. Petit crochet par la mer pour pique-niquer quelques makis maison le midi...
Notre Pasta Party à nous!!
Ben oui y avait encore du soleil en ce temps là!!
Et hop, nous voici en direction de Saint-Etienne de Baïgorry, théatre des hostilités.

La première étape démarre le vendredi matin à 7h. Au menu: 50km et 2500m de D+ à avaler le plus vite possible, par équipe de 2. On doit courir ensemble les deux jours.
En arrivant à l'hôtel, nous nous installons.... un peu trop d'ailleurs! :)
 Regardez l'évolution en quelques minutes seulement.... bordéliques nous sommes... bordéliques nous resterons!!

Je retrouve mon coéquipier Bruno Bareilles (Team TECNICA) avec qui j'avais gagné cet Euskal il y a 2 ans (voir article précédent, je ne vais pas me répéter voyons!!!)
Nous partons faire un petit décrassage sur les derniers km de la 2e étape car cette portion était encore un peu floue pour nous (nous ne l'avions pas faite pendant la reco).
Nous élaborons une petite stratégie pour les deux jours... en deux mots... A BLOC dans la première montée... puis, on se retourne et on fait le point ...

1ère étape : Urepel... Saint Etienne de Baïgorry, par la montagne évidemment
Le matin de la course, nous sommes hyper motivés. 5,4,3,2,1.... DEPARTtttttttt!!!
Je prends les devants car je suis mieux réveillé que Bruno.

Au bout de 200m il y a une grosse montée sur la route. J'ai les jambes légères. Bruno est un peu moins à l'aise que moi (et bien oui sa machinerie est un peu moins jeune que la mienne!). Je me retourne et je vois que nous commençons à faire un petit écart. Je demande à Bruno si je peux accélérer. Il me dit d'attendre la "vraie" première grosse montée, celle dans les chemins. Je suis tel un chien fou... j'ai envie de "tout faire péter".
Arrivent, 1km plus loin, les premières pentes qui vont nous mener sur les crêtes frontières. Il y a pas mal de dénivelé. Le temps est nuageux et doux. Un léger crachin nous rafraîchit de temps en temps. Je commence à accélérer mais Bruno me dit de stabiliser ma vitesse car là son moteur n'est pas encore chaud... pas grave de toute façon, nous sommes déjà en tête avec 1 ou 2 min d'avance.
Bien concentrés les types!!
Il y a des check point (CP) tous les 5-6km. Les organisateurs nous ont remis une feuille de route avec les horaires estimés à ces différents CP. Nous nous câlons sur le meilleur temps prévu pour avoir un point de repaire. Comme nous sommes devant il est difficle de savoir où nous en sommes.
Peu à peu notre avance s'accroît sur les poursuivants. Et notre avance s'accroît aussi sur les temps estimés des CP. Et pourtant nous sommes sur un rythme de croisière! C'est que la forme est là! Ca nous booste le moral!
Nous commençons à profiter de notre aventure. Nous gérons notre avance sans nous mettre "dans la rouge" et nous regardons le paysage.
La savant calcul est de faire le plus d'écart possible avec les autres sans se "crever" pour le lendemain. Nous avalons les montées et descentes à bonne allure. C'est génial, il ne pleut pas, le temps est humide mais agréable. Une bonne sortie en montagne. Le principal est de faire attention à ne pas nous faire mal dans les passages techniques.
Les montées raides... bien courbé en avant les mains appuyées sur les cuisses

A mi-parcours nous nous arrêtons (comme prévu dans la stratrégie) au ravitaillement pour refaire le plein. Mais comme en formule 1... l'arrêt est chronométré... pas plus d'1min ou 2. Là un 4x4 de l'organisation passe à vive allure et asperge tout le monde (dont Bruno) en roulant dans une grosse flaque... et oui comme si on n'était pas assez sales!
A partir de là, nous ne connaissons pas le parcours car nous avions arrété notre reco' juste un peu avant (cf article précédent). Du coup, nous faisons encore plus attention au balisage et aux paysages qui sont toujours aussi magnifiques (malgré le brouillard je vous l'accorde).

Arrive le plat de résistance du jour : un grand pic à gravir (le point culminant de l'étape... je ne sais plus son nom.. Etxe ... je sais pas quoi... le pic d'Autza!! c'est ça!. )
Voici l'Autza... mais le jour de la course, le paysage était un peu plus... embrumé! en fait cette photo me permet aussi de voir ce qu'on a monté... c'est pour ça que les jambes piquaient alors!!

Le chemin est technique et très pentu. Le balisage est dur à voir. Nous sommes prudents. Ouf, nous nous en sortons rapidement et reprenons notre course effreinnée ...
A ce stade là, il ne reste qu'une difficulté majeure. Nous entamons un chemin étroit mais rapide qui nous mène vers le col d'Ispéguy.

Mais là.... petit moment d'inattention... et je me prend un "vol de l'espace"! BADABOUM, je me vautre... comment dire... ben oui comme une grosse m....de.
Sauf que dans les sentiers de montagne, il y a pleins d'obstacles. Je me vois tomber et m'exploser le genou sur les cailloux. AIEEEEEEEEEE! hou ça fait mal! Je me relève vite, Bruno me demande si ça va. Je pense que oui... sauf qu'en repartant je boite.
Oui, en réalité, mon genou me fait mal.
Quelques minutes plus tard la douleur s'atténue et je repars de plus belle. Nous entamons la dernière montée après le ravito du Col d'Ispéguy. Il ne reste que 15km jusqu'à l'arrivée. Là, le but est de creuser un maximum l'écart. On nous annonce à plus de 10min des poursuivants.
La remontée sur le Col d'Ispéguy


Le col d'Ispeguy et la remontée sur la dernière difficulté de la journée
En arrivant presque en haut, nous cherchons des yeux le sommet, pour nous donner un point de repère. Mais ce n'est pas un sommet "franc" et nous nous demandons quand nous allons enfin basculer et en finir avec cette montée interminable.

La délivrance: nous entamons la dernière descente du jour, technique au début et roulante ensuite. Nous lâchons "les chevaux". Au passage du village d'Urdos, à 5km de l'arrivée (et dernier check point), le circuit est valloné à travers les vignes d'Irouleguy.

Il faut relancer dans ces "montagne russes". Bruno a la gnaque. Moi je commence à manquer un peu de jus.
Enfin l'arrivée, nous entrons dans Saint-Etienne en trombe. Chaque seconde compte. Je prends les devants et je mets un rythme rapide. Bruno suit derrière.


Nous atteignons l'aire d'arrivée et tout le monde est là, ma mère (au milieu en noir), sa meilleure amie Maryse, et surtout mon grand-père...
Ils me suivent depuis toujours, depuis mes premiers pas au vélo. Et pour une fois je ne cours pas très loin de la maison, ils peuvent venir me soutenir. Il ne manque qu'une personne... Cette victoire a de l'importance, car je voulais au fond de moi la dédier à ma grand-mère décédée subitement en février dernier. Je m'étais promis que la prochaine victoire était pour elle car c'était une de mes plus grandes fans. Alors dans les derniers mètres j'ai levé les bras au ciel en pensant fort à elle.

Nous passons la ligne en 5h18, ravis de notre prestation. Le meilleur temps estimé était de 5h30. Donc nous avons fait du bon boulot.

Mon genou n'est pas jojo...
Et je vais voir le docteur de la course  pour avoir un pansement.. parcequ'avec un pansement... ben ça va toujours mieux! :)
On voit bien que la nature est parfaite... il y a des caïlloux parfaitement rectilignes en montagne! :)

Mes amis et sponsors de la société ONELIFE France (Jennifer, Mathieu et Hervé) sont présents pour la première fois sur un trail. Ils découvrent ce monde bien sympathique. Je leur offre une victoire en direct... c'est un chouette moment!

Derrière, les seconds arrivent avec plus de 33min de retard sur nous.

L'après-midi, je soigne mon genou avec différents produits (arnica, immortelle, gaulthérie...). Jennifer, naturopathe au quotidien,a dans sa voiture une machine de médecine douce permettant de soigner sous forme de luminothérapie et magnétothérapie : LE MILTA.
Plus d'infos sur la MIL-Théraphie : http://www.gds-milta.com/
Cet outil, élaboré à la base par la NASA pour soigner les astraunotes dans l'espace, a déjà fait ses preuves dans de nombreux sports de haut niveau depuis des décennies. Elle me propose d'essayer. Elle l'utilise dans son cabinet.

Jennifer Auguet, Naturopathe à Lourdes et à Tarbes: sjauguet@gmail.com ou par téléphone (06 86 62 84 44)   ( et en plus elle est marrante, sympa et jolie comme une pâquerette!)

De toute façon, ça ne peut pas me faire de mal! Elle me met un programme anti-inflammatoire sur le genou. La séance dure une vingtaine de minute. Je sens que ça me soulage un peu.


On peut même parler à son corps avec.... ou avec des extra-terrestres! (sont forts à la NASA)
et on peut voir dans l'espace avec... oui bon ok j'arrête de faire l'andouille!

Du coup, avec l'avance sur nos poursuivant et mon genou qui va mieux, je suis serein pour le lendemain. Il n'y a plus qu'à finir la course pour la gagner... sauf que...

2e étape : Urepel... Saint Etienne de Baïgorry par la montagne évidemment... mais de l'autre côté!!

Je vous rassure le récit va être plus court... et oui.
Le matin de la course, c'est simple, au lever, je ne peux plus poser la jambe par terre. Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh (oui c'est ce qu'il s'est passé dans ma tête). Le genou a gonflé. Je dois avoir un gros hématome à l'intérieur, sous la rotule... Pas grave, je suis dur au mal et je me dis que ça va bien s'atténuer en chauffant!

Nous nous rendons sur le lieu du départ et je commence à m'échauffer. J'ai pris les bâtons pour me soulager un peu. Au bout de 10 secondes je sais que je vais passer une sale journée. En fait, demandez à des coureurs qui m'ont croisé ce matin là... je boitille en courant! GENIAL!! ce n'est pas comme si j'avais 50km de montagne à faire!

Le départ est donné. J'essaie de ne pas y penser. Bruno prend les devants. Je sens que ce matin il a du "jus"... il met un rythme rapide et je peine à le suivre. Je serre les dents. Nous prenons vite de l'avance. au bout de 500m le chemin se quille devant nous et nous commençons à gravir la première difficulté du jour. La montée est raide. L'appui sur mon genou est relatif grâce aux bâtons.
Nous montons un pic redoutablement pentu, le pic d'ADI... c'est comme une grosse bosse, au sens premier du terme, qui sort de la montagne et qui est recouverte de pelouse.

Bon, la montée, ça va... Mais la descente est aussi raide... Et là c'est le drame! Chaque mètre, chaque centimètre est un calvaire. Mon genou me fait de plus en plus souffrir. Je m'arrête, je repars, je me retourne, je suis désemparé... Bruno file devant et moi, je n'avance plus...
Je retrouve du plat. Je me dis que ça va moins me faire mal maintenant et je vais pouvoir continuer. NON NON NON! La douleur s'est réveillée. J'ai comme un couteau planté dans le genou à chaque pas.
C'est horrible... et vraiment je peux vous dire que je suis résistant!! (j'avais couru en 2009 le 50km de Gruissan avec une pubalgie avant le départ... j'étais arrivé en pleurs mais javais fini!!)
Bruno vient me rejoindre et me dit de penser à autre chose, d'essayer d'extérioriser la douleur. Je m'execute, je cours 1 ou 2 km de plus, mais je commence à avoir de mauvais appuis. Pffffffffffffffffffffffff... Je commence à envisager l'abandon. Quel malheurrrrrrrrrrrrrrr!!!!!!!!!!!!! Je ne peux pas faire ça à Bruno, à moi... nous avons course gagnée, nous n'avons plus qu'à finir! Mais le problème c'est qu'il reste 40km et 1500m D+ à gravir encore.
Je m'arrête net et dit à Bruno que c'est fini, je suis en incapacité de courir... C'est simple c'est mécanique, mon genou ne répond plus!...
Bruno vient me voir l'air dépité mais compatissant. il me réconforte et me dit que ce n'est pas grave. Qu'il va continuer pour peaufiner sa préparation pour d'autres courses. Je lui dis d'arriver avant les autres... histoire de montrer que l'on était les plus forts malgré tout... c'est ce qu'il a fait. Bravo Bruno!! (il arrive encore en tête avec 5min d'avance sur les 2nds)

De mon côté je peine à descendre en marchant pour rejoindre 2km plus loin un check point où l'on pourra me rapatrier. Plusieurs coureurs me doublent. Je suis dépité, je lache quelques larmes de dégoût et de tristesse. C'est toujours dur d'abandonner mais dans ces conditions là... ce n'est vraiment pas de bol...
Un des organisateurs vient à ma rencontre en 4x4. Il est costaud et trapu (il à l'air bourru) mais me réconforte en voyant que je pleurs comme un petit garçon...

 J'accueille Bruno à son arrivée... les sourires sont un peu crispés...

Voilà, mon aventure Euskal trail se termine ainsi. J'en retire une belle leçon (bien que je la connaissais avant) : on n'a pas gagné tant qu'on n'a pas passé la ligne d'arrivée! C'est une belle leçon d'humilité qui me permet de rester les pieds sur terre et d'avoir la gnaque pour les prochaines courses...

Mon genou n'a rien de grave il s'agit d'une grosse contusion au niveau de l'articulation... donc douloureux mais pas grave.

Petit article sur le journal sportif du pays basque qui résume bien la course : http://www.sportsdupaysbasque.com/actus/article/21-05-course-en-montagne

Alors me voilà en mode récup" pour quelques jours avant de reprendre un entrainement important en vue de mon vrai 1er objectif de l'année : l'Andorra Celestrail!

2 commentaires:

  1. Arf... :-( Je te souhaite d'avoir la "nhaca" pour tes prochains objectifs ! Et bonne récup' !

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  2. C'est con mais c'est aussi les joies du trail...(enfin là c'était pas joyeux).
    Pour Gruissan version 2009, si tu as besoin d'un témoin j'ai encore la photo de ton arrivée douloureuse quelque part ;-)
    Bonne récup et reviens au top en Andorre.

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